Christian Bale : « On m’a beaucoup dit qu’American Psycho allait tuer ma carrière »
Le choix de Christian Bale pour incarner Patrick Bateman
La réalisatrice Mary Harron le voulait absolument pour incarner Patrick Bateman, refusant même d’auditionner Leonardo DiCaprio pour le rôle.
American Psycho : un film marquant pour Christian Bale
Sorti en 2000 au cinéma, American Psycho est l’un des films les plus marquants de la carrière de Christian Bale. Voici quelques anecdotes sur sa fabrication, au moment où l’on vient d’apprendre que le dernier roman de son auteur, Bret Easton Ellis, allait être adapté en série. C’est Luca Guadanigno (Call Me By Your Name) qui sera le showrunner de The Shards pour HBO.
Un changement de registre pour Christian Bale
A l’époque, Bale était surtout connu comme la jeune star de L’Empire du Soleil (1987), de Steven Spielberg, ou de Velvet Goldmine (1998) de Todd Haynes. Le rôle de Patrick Bateman, imaginé par Bret Easton Ellis dans son livre choc de 1991 était donc très éloigné de tout ce qu’il avait fait auparavant. Personnage sûr de lui, mais particulièrement tordu, évoluant à Wall Street, violent avec son entourage, notamment les femmes croisant sa route… Voilà un anti-héros d’autant plus marquant qu’il devait être interprété par un comédien jeune pour coller aux descriptions du roman, tout en étant capable de porter sa complexité, et une grande partie du film, sur ses épaules.
Les refus de Johnny Depp et Leonardo DiCaprio
A l’origine, Johnny Depp s’était montré intéressé par ce rôle, dès 1992. Lionsgate voulait plutôt engager Leonardo DiCaprio après sa révélation au grand public dans Blessures secrètes et Gilbert Grape, mais la réalisatrice a expliqué qu’elle ne le voyait pas incarner Bateman. Elle a d’ailleurs refusé de lui faire passer une audition, parce qu’il semblait trop jeune pour ce personnage torturé, et qu’il avait aussi une « fanbase » composée principalement d’adolesent(e)s.
Les arguments de Mary Harron
« Leonardo n’était tout simplement pas le bon choix pour ce rôle, a-t-elle expliqué dès 2000. Il avait un côté trop gamin. Il n’aurait pas été crédible dans la peau de l’un de ces requins de Wall Street… En plus, je ne voulais pas avoir à gérer le fait que ses fans avaient en moyenne 13 ans. Ils n’auraient pas pu voir ce film, ou alors ça nous aurait causé des ennuis. »
Quelques années plus tard, DiCaprio a finalement bel et bien incarné un « requin de Wall Street », enfin, un « loup » plutôt, chez Martin Scorsese. Mais il n’avait plus son apparence juvénile du milieu des années 1990.
Le retour de Mary Harron et le choix de Christian Bale
Quand Mary Harron a refusé d’auditionner l’acteur, Lionsgate l’a écartée un temps du projet, qui a intéressé des réalisateurs aux styles aussi différents que Danny Boyle (Trainspotting), David Cronenberg (La Mouche) ou même Stanley Kubrick (Shining). Elle est finalement revenue aux commandes d’American Psycho a la fin de la décennie, et elle a su imposer le comédien qu’elle avait en tête : Christian Bale. Heureusement pour lui, car il refusait alors des rôles depuis 9 mois pour se libérer pour ce projet !
Le succès et la carrière de Christian Bale
« On m’a beaucoup appelé pour me dire que j’allais tuer ma carrière avec ce film, a raconté l’intéressé à sa sortie. Plein de gens me citaient l’exemple d’Anthony Perkins dans Psychose, ils me disaient qu’une fois qu’on a incarné un méchant aussi emblématique, on reste associé à ce rôle et on ne joue plus rien d’autre. Dans l’imagination du public, vous devenez cette personne. »
L’avenir aura donné tort à tous ceux qui pensaient que Christian Bale ne sortirait pas gagnant de cette expérience. Au contraire, ce rôle a relancé sa carrière, lui permettant d’enchaîner avec des premiers rôles, comme dans Le Machiniste ou Equilibrium au début des années 2000. Puis il a évidemment signé pour incarner Bruce Wayne/Batman dans la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan (2005-2012), rôle qui lui aura finalement autant collé à la peau que celui de Patrick Bateman, sans pour autant le bloquer dans sa carrière. En faisant des choix ambitieux (Le Nouveau Monde, Le Prestige, Le Mans 66…) et en n’hésitant pas à suivre des régimes drastiques afin de se transformer pour ses rôles, il a su se construire une carrière finalement très écletique.