Lost in translation a 20 ans : « Sans Bill Murray je ne faisais pas le film »
Première fouille dans ses archives pour célébrer l’anniversaire du film de Sofia Coppola
« J’ai écrit Lost in Translation pour Bill. Je le voulais lui, et personne d’autre. »
Pour célébrer l’anniversaire du film de Sofia Coppola, Première fouille dans ses archives.
« J’ai écrit Lost in Translation pour Bill. Je le voulais lui, et personne d’autre. Comme tout le monde, j’ai été marquée par Un jour sans fin [Harold Ramis, 93]. Dans Rushmore [Wes Anderson, 99], il m’a fendu le cœur. Dans la vie, c’est quelqu’un d’insaisissable parce qu’il fait passer sa vie privée et ses cinq enfants avant tout le reste. Il lit très peu de scripts et ne donne son numéro de téléphone à personne. Comme son agent n’avait plus de ses nouvelles, je suis allée voir du côté des gens qui le fréquentent. Le scénariste Mitch Glazer, l’un de ses meilleurs amis, m’a aidée à prendre contact avec lui. Wes Anderson faisait aussi du lobbying pour moi. Je n’avais prévu aucune solution de rechange. Si Bill refusait, je ne faisais pas le film. »
Sofia Coppola confie que sans Bill Murray, elle n’aurait pas tourné Lost in Translation
En janvier 2004, Sofia Coppola confiait dans Première que sans Bill Murray, elle n’aurait pas tourné Lost in Translation. Alors que l’on attend son nouveau film, Priscilla (dont la sortie française vient d’être fixée au 17 avril 2024), cette œuvre phare de sa filmo fête aujourd’hui son 20e anniversaire. Aux Etats-Unis, cette histoire de deux touristes sympathisant dans un hôtel de Tokyo, en plein jet-lag et débordant tous les deux de spleen a conquis le public dès le 12 septembre 2003.
Quelques mois plus tard, Stéphanie Lamome écrivait, impressionnée par ce deuxième film de la réalisatrice, après Virgin Suicides : « Dans ce film, Sofia Coppola nous donnait à voir ses vierges déjà mortes à travers le prisme couleur crème glacée du souvenir. Dans Lost in Translation, tout est perçu à travers celui, embué, de la somnolence. Dans les deux cas, la même distorsion de la réalité, le même sentiment d’un rêve éveillé avec ses collages d’impressions ouatées. Cette fois-ci, Sofia a choisi une bande-originale composite (principalement de l’électro et de la pop japonaise) pour renforcer l’idée de fragmentation. »
Saluant la performance de Scarlett Johansson, « sorte de grande sœur des vierges suicidées qui auraient survécu », elle écrivait ensuite : « Si Sofia Coppola a prouvé qu’elle savait comme personne ce qu’il se passe dans la tête des jeunes filles en mal de vivre, on se doutait moins qu’elle pouvait aussi avoir 50 ans et de la barbe. (…) La fibre gaguesque que Virgin Suicides ne nous avait laissé entrevoir que subrepticement, explose dans Lost in Translation. La subtile Sofia surprend en exploitant des ressorts comiques aussi bêtes et efficaces que le mauvais anglais des Japonais, ou le mètre quatre-vingt-dix de Bill Murray, extra-terrestre dans ce monde de petits bonshommes costumés-cravatés. »
La BO de Lost in translation commentée par Sofia Coppola
Elle saluait enfin la performance de Murray, taillé pour le rôle : « Pour recoller tous les morceaux de ce qui n’aurait pu être qu’un joli puzzle esthétisant, il ne fallait pas un acteur excellent, il fallait Bill Murray. La bille de Bill ahurie et son incroyable pantomime de clown le plus triste du monde. (…) Ce Bob qu’il mime plus qu’il ne le joue, comme un somnambule branché en pilote automatique, on dirait son personnage d’Un jour sans fin qui aurait renoncé à sortir de l’infernale boucle de sa journée éternellement recommencée… C’est ce qu’on appelle le rôle d’une vie. »
Lost in Translation est à (re)voir en VOD, notamment sur Première Max.